De vous à moi
Chaque mois, Fabian Ruinet, maire de Talant, répond à trois questions portant sur l’actualité municipale et extramunicipale.

Fabian Ruinet, maire de Talant
Monsieur le maire, commençons par ce qui vous anime : vous êtes entré au conseil municipal en 2001, vous êtes maire depuis 2020, quel est le moteur de votre action pour Talant ?
Le service aux autres, sans hésitation aucune, et c’est à la faveur d’une opportunité professionnelle que tout s’est joué. Car si certains de mes collègues maires sont nés dans leur commune d’élection, ce n’est pas mon cas. J’ai pour ma part choisi de vivre à Talant et j’ai tant aimé cette terre que j’ai eu envie de m’y engager. Je cherchais avec ma famille une commune offrant les atouts d’une ville dans un environnement naturel et nous avons eu un coup de cœur pour Talant, son caractère bourguignon et sa douceur de vivre.
J’y habite depuis 1997 et je ne me lasse pas des rencontres que mon mandat de maire me procure depuis 2020.
Elles me permettent d’exprimer une passion pour l’intérêt général, le bien-être collectif, la proximité avec les citoyens mais aussi la résolution des problèmes, sans s’abriter derrière le carcan des compétences d’une ville, en apportant la même considération à chacune et chacun.
Vous mettez souvent en avant, dans votre gestion de la ville, votre approche inspirée du monde de l’entreprise. Pouvez-vous nous repréciser en quoi elle est bénéfique pour la Ville de Talant depuis bientôt six ans ?
Bien gérer sa ville, avec un objectif d’efficacité comme dans une entreprise, c’est d’abord savoir s’entourer de femmes et d’hommes de qualité, pleinement investis dans leur mission de service public. C’est aussi, rassembler des moyens financiers qui correspondent à des besoins réels, réévalués d’un budget annuel à l’autre, sans céder à la tentation facile du recours à plus d’impôts ! Cette approche responsable, mettant les dépenses en face des recettes et pas l’inverse, nous l’avons eue tout au long du mandat. Nous avons également su aller chercher des financements extérieurs auprès de nos partenaires institutionnels, comme le Conseil départemental de la Côte-d’Or mais aussi Dijon métropole avec, pour celle-ci, une réussite due à la restauration d’une relation de qualité.
La maîtrise de la dépense publique est un enjeu auquel les administrés sont plus sensibles que jamais dans le contexte de crise que nous traversons. Avez-vous pris des mesures en ce sens ?
Oui car c’est également une preuve de saine gestion. Nous avons ainsi optimisé les coûts de notre fonctionnement en engageant une démarche de mutualisation des services municipaux, sans impacter la qualité du service public, par exemple avec L’ESCALE – Espace culturel, déjà livré, ou encore avec le Pôle de l’Enfance Mennetrier, en construction et dont les travaux seront terminés en 2026.
J’en profite pour préciser à nos habitants que c’est le même état d’esprit qui guide l’idée d’un futur Pôle des sports auquel nous réfléchissons et qui se traduira par la relocalisation des activités du club de football au stade Pascal Gien, étant bien entendu que les espaces rendus disponibles offriront de l’habitat individuel intégré dans le tissu résidentiel et l’environnement naturel existants.
Voyez-vous, au regard de votre expérience de maire, d’autres éléments de comparaison qui peuvent être faits entre la gestion privée et publique ?
L’adaptabilité est un facteur clé de réussite, dans une entreprise comme dans une collectivité locale. Je n’oublie pas que le début de mon mandat a été marqué par la crise du COVID : elle a révélé notre capacité collective à faire face, avec des services impliqués et réactifs, pour assurer la protection des habitants. Et puis, il existe pour chaque ville qui veut se développer, une donnée concurrentielle. La Ville de Talant, même si elle s’inscrit dans une communauté de destin avec la métropole, veut faire la différence avec d’autres communes par son attractivité. Pour attirer les habitants et les fidéliser, pour séduire les porteurs de projet et les investisseurs, nous avons lancé un programme pluriannuel d’investissements avec l’ambition de préparer Talant au passage de 2030.
Parmi tous vos projets, réalisés ou en voie de l’être, de quelle réalisation êtes-vous le plus fier ?
Tous comptent à mes yeux autant les uns que les autres car ils sont orientés vers un objectif commun : améliorer la vie et le confort des Talantais. Avec mon équipe, je suis fier d’avoir pu engager une multitude d’investissements dans des domaines aussi divers que le cadre de vie, l’économie, la tranquillité publique, l’éducation, le social, la culture, le sport, l’inclusivité, en agissant aussi bien pour les enfants, les familles, les actifs, nos aînés qu’en accompagnant tous ceux qui peuvent traverser des moments difficiles dans la vie. Ce n’est pas un hasard si la Ville de Talant a voté en 2025 un budget d’un montant historique : plus de 21 millions d’euros pour relever les défis de la transformation de la ville, de la transition écologique et énergétique, du renouvellement de la population ainsi que le défi sécuritaire.
Un mandat de maire, c’est savoir gérer des crises. Avec celle du COVID dont nous avons déjà parlé, à quelle problématique lourde considérez-vous avoir été tout particulièrement confronté ?
C’était en septembre 2021 : la menace par l’autorité préfectorale de la fermeture du Centre Commercial du Point du Jour ! Pour le maire que je suis, intervenir dans ce dossier complexe, au croisement des enjeux du privé et du public, n’était pas une option. Des emplois étaient en jeu ! Nous avons trouvé le montage permettant aux copropriétaires de réaliser des travaux d’urgence avec le principe d’une restructuration du Point du Jour. C’est ainsi que l’idée de CAP OUEST a progressivement mûri, forgeant une ambition bien plus forte pour le quartier du Belvédère et pour Talant. Nous avons fait d’une crise une opportunité, pour créer demain un nouveau centre de vie et régénérer la ville sur elle-même ! CAP OUEST est le navire amiral de notre flotte d’investissements : c’est le projet du temps long mais aussi un rattrapage du temps perdu.
Vous avez beaucoup fait en 5 ans, les annonces sont concrétisées et les projets majeurs comme le Pôle de l’Enfance Mennetrier ou CAP OUEST sont d’ores et déjà bien lancés. Toutefois un dossier semble suspendu dans le temps : la réhabilitation de l’ancien foyer Robert Grandjean. Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord, vous avez raison de noter que nous avons tenu nos promesses ! Nous avons agi dans de nombreux domaines pour les Talantaises et les Talantais, je pense spontanément au renforcement et à l’armement de la police municipale, au déploiement massif de la vidéoprotection, nous faisant passer de 12 à 160 caméras, à la création d’une plateforme de services au Relais, à l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments, au réaménagement de la Cerisaie, à la rénovation des écoles avec la généralisation des
self-services, au développement du sport santé, à la végétalisation des espaces publics, à la création de conseils de quartier, au renouveau culturel et même la diminution des taux d’imposition locaux depuis 2022 ! Talant s’est transformée et l’ex-foyer Robert Grandjean fait partie des dossiers que nous avons empoignés dès mon arrivée. Il a fallu du temps pour obtenir la maîtrise foncière de ce bâtiment que nous avons acheté pour l’euro symbolique et nous sommes désormais dans la phase de recherche de subventions pour assurer le désamiantage du bâtiment, des études en ayant prouvé la nécessité et évalué l’ampleur. Nous avons toujours la volonté d’effacer ce bâtiment abandonné depuis plus de 12 ans dans le quartier du Belvédère tout en embellissant cette partie de l’Avenue du Mail.
Vous avez marqué les esprits en engageant un bras de fer avec les bailleurs sociaux, remettant en question l’abattement de leur taxe foncière. Avec le recul, le referiez-vous ?
Oui sans hésiter car nous parlons d’argent public ! Je n’étais pas convaincu de la bonne utilisation de cet abattement par les bailleurs sociaux qui, en contrepartie, doivent veiller à l’amélioration de l’habitat et à la sécurisation des espaces communs. J’ai donc décidé de suspendre ce dispositif afin de le renégocier. Un dialogue s’est alors engagé avec les différents acteurs et nous avons porté le sujet à l’échelle de la métropole pour que chaque euro d’abattement accordé soit un euro investi dans des travaux concrets, bien au-delà de l’animation de proximité. J’observe que mon initiative fait écho au plus haut niveau, la ministre déléguée chargée de la Ville ayant exprimé le souhait de sanctionner les bailleurs sociaux en cas de mauvais entretien des parties communes de leurs immeubles.
Tout projet est collaboratif : pouvez-vous nous rappeler comment vous avez rassemblé des forces et fédéré les habitants dans la construction des projets comme dans la gestion du quotidien ?
Dès la première année du mandat, nous avons mis en place des instances participatives dans tous les quartiers. Les membres bénévoles de ces Conseils de quartier que je salue pour leur engagement, jouent un rôle d’animation et de prévention tout en apportant leur expertise d’usage sur les projets. C’est ainsi que le Conseil de quartier Cerisiers-Libération a par exemple enrichi par ses contributions le projet pour l’aire de jeux inclusive et intergénérationnelle « La Cerisaie des Sens » ou plus récemment pour le réaménagement du Parc des Cerisiers.
Est-ce qu’une ville de 12 000 habitants comme Talant peut continuer son engagement dans la transition écologique au regard de l’effort demandé à toutes les collectivités pour le redressement des comptes publics ?
Oui, je le crois, car à Talant, chaque service municipal intègre désormais les exigences relatives à l’adaptation au changement climatique dans chacun de ses domaines d’intervention. Sans être tenue par des obligations réglementaires, la Ville de Talant, reconnue Territoire Engagé pour la Nature (TEN) depuis 2024, agit de manière volontariste pour la transition écologique et contribue aux objectifs de Dijon métropole. Nous poursuivons notre action, fondée sur une écologie des solutions, qui avec la réduction des consommations énergétiques dans nos bâtiments, l’aménagement d’îlots de fraicheur,
la préservation de nos espaces naturels, la maîtrise de notre urbanisme, la reconquête de notre patrimoine viticole, apporte une valeur ajoutée à la qualité de vie des Talantais.
Pour terminer ce grand entretien, projetons-nous si vous le voulez bien. Monsieur le maire, comment voyez-vous l’avenir de Talant à l’horizon 2035 ?
Pour moi, Talant doit cultiver sa différenciation, c’est ce qui la rend unique, incarnant un trait d’union entre la ville et la campagne, ancrée dans son paysage et dans son histoire, avec un nouveau marqueur de convivialité et une dynamique irrésistible d’attractivité. Faire évoluer un territoire, c’est s’inscrire dans le temps long.
Comme l’exprimait si bien Philippe Seguin : « Ceindre l’écharpe de maire, c’est un peu comme entrer en religion ; on n’est pas maire à mi-temps, ou à quart-temps ; on l’est en permanence ».
J’aspire donc à accompagner ces changements profonds pour Talant avec une idée d’engagement total.